J'ai vécu plus ou moins la même chose dans un établissement où j'ai travaillé (c'est bien sur volontairement que je n'indique pas si c'est celui où je suis actuellement en poste ou pas !) : le préparateur (qui avait été recruté il 16 ou 17 ans plus tôt) était le mari d'une des profs ...
Il y avait donc deux clans : ceux qui était les "amis" et qui avaient leur TP qui fonctionnaient, dont le groupe ne posait pas de problème, et qui savait s'organiser (dixit le préparateur qui se permettait de juger de la qualité de nos polycopiés, qu'il exigeait d'avoir à nouveau chaque année ainsi qu'une liste de matériel pour chaque TP dès la rentrée de septembre) et le clan des "ennemis" dont certaines manip' foiraient (j'ai eu de l'acide chlorhydrique à pH=14, de l'empois d'amidon qui ne noircissait pas au contact de l'eau iodée ...).
Tu l'auras compris : j'ai eu la malchance de faire partie des "ennemis" durant quelques années !
Les propos méprisants et agressifs sont devenus de plus en plus fréquents : j'ai prévenu ma direction que j'avais l'intention de déposer une main courante au commissariat de police pour harcèlement moral (d'autres collègues m'avaient dit qu'ils accepteraient de témoigner). Ma direction m'a demandé de n'en rien faire sur l'instant, que les choses étaient compliquées, qu'il fallait que je soit patiente, que cela allait s'arranger, d'attendre 1 ou 2 mois, puis les prochaines vacances ...
En fait,
c'est justement à cause de la patience de tous les profs que les choses avaient empiré. Nous avions comme consignes (de la direction et des différents responsables qui se sont succédé), de "ménager" le préparateur. Impossible de connaitre ses horaires de travail, de savoir s'il était dans l'établissement ou parti en courses ou rentré chez lui, impossible de lui demander quoique ce soit pour une option qui n'existait pas quand il avait été embauché ... Il prenait les mêmes vacances que les enseignants, tout en se vantant de travailler tellement plus que nous tous, et prétendait que son contrat de travail le lui permettait, qu'il était responsable du labo mais refusait de montrer ce contrat (était-il préparateur ? technicien de laboratoire ? laborantin ? cadre ?)
Il menaçait souvent de se mettre en arrêt (certains d'entre nous attendaient même ces périodes, bien que nous soyons alors obligés de faire son travail à sa place, car il en revenait de bonne humeur pour quelques semaines ...)
Comme chez toi, Cation, le préparateur estimait que nous (les profs) empiétions sur "son" domaine, nous n'avions pas le droit de remplacer un tube à essais cassé sans son accord : il s'est donc mis à acheter des serrures pour mettre ce dont nous avions besoin sous clef, dans l'armoire destinées aux produits chimiques dangereux (il y avait les comprimés d'aspirine pour le TP formulation, les plaques de CCM et la verrerie neuve)
Le gros clash a eu lieu quand effectivement, il s'est mis en arrêt 1 semaine avant les TP bac : la direction a trouvé une (énième) remplaçante dans l'urgence et a exigé qu'il vienne remettre les clefs, le code de l'ordinateur qu'il utilisait (et que nous n'avions pas le droit d'approcher) et les documents nécessaires à la préparation des examens pratiques ; il en a donné le moins possible : la direction a fait sauter la serrure pour laquelle il n'avait pas donné la clef, afin que nous ayons accès au matériel
quelle ne fut pas notre jubilation ! Et nous avons enfin pu connaitre le contenu de cette mystérieuse armoire (car oui, il commandait seul le matériel en fonction de ce qu'il estimait nécessaire, comme une machine à faire des glaçons pour ne plus avoir à remplir les bacs à glaçons des freezeurs).
Lorsqu'il est revenu au labo et a constaté que le canon de serrure avait disparu, et que la porte avait été forcée, il s'est senti outragé, et il a immédiatement commandé une nouvelle serrure (qu'il n'a pas obtenu).
La remplaçante a démissionné dès le lendemain, disant que le travail l'intéressait, mais qu'elle était incapable de travailler avec lui (comme les deux précédents remplaçants)...
Ensuite, les choses ont empiré, et surtout son couple a volé en éclat : il n'y avait donc plus aucun "ami" pour le soutenir et assurer auprès de la direction qu'il faisait un très bon travail, et que seuls quelques casse-pieds avaient à se plaindre de leurs TP.
Après moult difficultés, il a été licencié pour faute, suite à sa mise à pied pour propos racistes à l'égard d'un personnel d'entretien qui n'en pouvait plus de faire une bonne partie de son travail (mettre en place, vérifier le matériel, débarrasser les salles et nettoyer toute la verrerie puis la ranger, l' "assister" durant l'inventaire annuel en le regardant faire car il lui fallait un public) ; lui ne préparait plus que les solutions et passait un temps fou sur internet, ainsi qu'à nous espionner et à prendre des photographies pour nous compromettre
nous avons retrouvé une partie de ces photographies sur le serveur, dans le répertoire d'un ATE, intitulé "sorties scolaires" ! Il y avait aussi les documents qu'il adressait à la direction, expliquant qu'il était harcelé au travail, qu'on lui parlait mal ... Il y a eu aussi le grand moment où nous avons trouvé un enregistreur à cassettes audio, caché dans un tiroir entrouvert, qui enregistrait nos conversations à l'heure des repas quand il sortait "parce que ces odeurs de bouffe sur [son] lieu de travail ne rendait malade "...Je reste persuadée que cette situation n'a autant dégénéré que parce que les personnes ayant autorité (direction & responsable(s) de labo) n'ont pas rappelé fermement le rôle de chacun. Ayant l'impression d'être méprisé, le préparateur a fini par se prendre pour le responsable du labo (il avait même demandé à assister à un stage "gestion des personnalités difficiles" car il estimait devoir gérer les profs).
Les choses se sont dégradées petit à petit, et les profs ont toléré (ou ont été obligé d'accepter) de plus en plus ce qui est évidemment inacceptable : les remarques du style "moi, je n'entre pas dans les labos", "ici, c'est MON espace de travail", "pas maintenant" (et 10 minutes plus tard, c'était trop tard pour demander : à la récré du matin le jeudi, il fallait faire la queue debout, devant lui assis, pour indiquer quel TP on voulait faire la semaine suivante, et savoir ainsi s'il l'acceptait ou pas. Et si vous n'aviez pas cours le jeudi matin, pas question de le lui dire la veille ou l'après-midi, ou par téléphone, ou via un post-it : vous n'aviez qu'à vous déplacer !
Il a fallu que nous soyons tous solidaires,
et que les TP bac soient menacés pour que la direction se rende compte du malaise, et surtout il a fallu que quelques uns d'entre nous prennent le risque de mettre leur menace à exécution :
envoyer les élèves en étude le temps de débarrasser un TP (avec beaucoup de verrerie, donc de risque de casse et des produits chimiques concentrés) pour installer celui destiné à des élèves de seconde (donc plus de risques de blessures car certains élèves n'ont quasiment jamais manipulé au collège). Devant cet afflux d'élèves énervés, les surveillants ont prévenus la direction qui a appelé au laboratoire pour entendre les explications du prof qui invoquait la sécurité des élèves ; le préparateur joint sur son téléphone portable était dans un autre bâtiment du lycée. La direction a ainsi constaté ainsi qu'il n'était pas à son poste. Comme les élèves savaient pourquoi ils étaient envoyés en étude au lieu de manipuler, ils n'étaient pas du tout contents ... Il est possible que certains parents l'aient su.
Je n'aime pas l'idée de "prendre les élèves en otage", mais c'est rudement efficace !
Cation : je termine en te disant courage ! Discute (en stage) avec d'autres collègues de physique, pour te rendre compte que c'est ce que tu vis qui n'est pas normal. Tu peux vouloir que les choses changent (c'est difficile, mais pas impossible si les profs sont entendus par la direction) ou demander ta mutation (ou faire l'un en attendant l'autre).
En tout cas, n'hésite pas à prendre contact avec le siavic (le service d'aide aux victimes de harcèlement) : l'un de leurs médiateurs pourra t'écouter (c'est déjà énorme, et cela permet de se rassurer sur sa santé mentale

) et te conseiller, peut-être même intervenir dans ton établissement si ta direction l'accepte.