Anakin a écrit:Alors, oui, avoir retenu est un objectif majeur de l'enseignement et cela constitue la condition sine qua non pour pouvoir réagir de façon adaptée à un problème nouveau mais semblable à celui rencontré lors de l'apprentissage. En ce sens, l'assimilation d'une connaissance offre aussi des méthodes de raisonnement qui va contre les idées pré-conçues, les intuitions, les idées a priori des élèves lorsqu'ils font face à un problème.
Aaah les connaissances, si vous êtes comme moi : il y a les quelques connaissances fondamentales, essentielles que je retiens encore aujourd'hui de mon passage au collège et au lycée, mais il y a aussi une bonne quantité d'informations que j'ai du mémoriser durant ma scolarité pour répondre aux devoirs sur table en his/geo, en SVT, en Allemand, en maths, etc... Et que j'avais déjà oublié 1 semaine plus tard.
Vous avez retenu comment on calcule l'aire d'un polygone régulier ? Par contre vous saurez comment récupérer l'information.
A l'école vous avez appris à organiser un voyage en Guadeloupe comme on le fait maintenant ?
Des études disent que 85% des emplois de 2030 n'existent pas aujourd'hui, mon propos n'est pas de dire que les notions et les concepts sont obsolètes, mais qu'étant donné la vitesse à laquelle évolue la société il me semble logique de se recentrer sur les notions et connaissances essentiels, l'accès à la connaissance est bien plus facile qu'avant c'est une opportunité pour développer des compétences qui permettront aux élèves de s'adapter au futur. Notamment en sachant mettre en œuvre de façon pertinente les notions et connaissances qu'ils auront mémorisés : combien d'élèves sont capables de restituer la relation entre v, d et t mais sont incapables de savoir quand l'utiliser (sans même parler du comment).
Je discutais avec un copain issu d'une école d'informatique, spécialisé dans les langages de programmation, naïvement je lui demandais quels langages il avait appris, il m'a répondu aucun en particulier, on a appris à apprendre, à maîtriser des langages. Quelle que soit l'entreprise il doit être capable de s'adapter rapidement à l'environnement choisi pour être opérationnel.
Anakin a écrit:Après, à quels autres critères plus important de réussite d'apprentissage pensez-vous ?
Pas la capacité à restituer une grande quantité de connaissances, mais la capacité à mettre en œuvre des compétences pour résoudre des problèmes concrets (
exemples ) :
- le savoir (somme des savoirs théoriques et techniques ou connaissances)
- le savoir-faire (ou habiletés)
- le savoir-être (ou qualités personnelles)
Anakin a écrit:xavier29 a écrit:La société change, l'accès à la connaissance a radicalement changé.
Là, les bras m'en tombent... Retenir les notions et concepts est devenu obsolète ? Si toutes les connaissances sont sur Internet, en effet, autant céder toute sa cervelle aux géants du Web quifourniront les connaissances quand on en a besoin. Si c'est comme cela qu'on veut former des citoyens autonomes et responsables de leurs choix, la servitude volontaire n'est pas bien loin.
J'espère que ma réponse ci-dessus t'aura recollé les bras
.
Je n'oppose pas retenir des connaissances et mettre en oeuvre des compétences. Le second va plus loin (il nécessite le premier) et me semble plus pertinent, mais comme on doit enseigner avec un temps et une énergie contraints, il faut faire quelques concessions au premier, pas bien dommageables à mon avis surtout si la mise en oeuvre des compétences donne du sens et permet aux élèves de mieux mémoriser les connaissances essentielles.
Anakin a écrit:xavier29 a écrit:Si c'est reproduire des procédures, alors pas de doute la pédagogie explicite fonctionne à merveille.
L'article signale justement que les pédagogies actives n'aident pas davantage, bien au contraire, et les élèves ne sont pas plus à l'aise dans la reproduction d'une procédure déjà vue, n'ayant que très peu retenu de la séquence qui s'est déroulée par la découverte. Ils restent finalement engoncés dans les opinions qu'ils avaient sans pouvoir changer leur attitude face à une résolution d'un problème, comme en TP.
Ce que je constate, c'est que de plus en plus je peux exposer mes élèves à une situation problème et les laisser en autonomie s'organiser, émettre des hypothèses, expérimenter, collaborer, observer, rédiger un compte rendu, avoir un regard critique.
C'est pas encore parfait, mais bien différent de ce que je constatais il y a encore quelques années, où ils étaient perdus sans les "fiches TP" pour les guider.
Anakin a écrit:[L'article évoque une "surcharge cognitive" de la mémoire de travail.
https://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article287 a écrit:Dès lors que l’on place les élèves face à des situations-problèmes avec l’intention de leur faire acquérir de nouvelles connaissances, (...)
Stop
. Ce n'est pas à ce moment là que l'acquisition de nouvelles connaissances doit se faire à mon avis, mais après, lors de la synthèse.
Exemple : j'ai proposé à mes élèves de déterminer si le courant électrique pouvait passer dans l'eau. Ils étaient au départ tous convaincus que oui. Hop TP, ils me font une liste matos, demandent de l'eau, je leur donne de l'eau déminéralisée. Ils testent... et sont étonnés de voir que ça ne se passe pas comme prévu. Alors ils trifouillent (je les ai laissés mettre les fiches des câbles directement dans l'eau), je vois certaines lampes s'allumer et des sourires de satisfaction, "monsieur là c'est bon" (leurs fiches se touchaient sous l'eau), ils rédigent leurs comptes rendus :
- certains ont dit que l'électricité ne passait pas dans l'eau,
- d'autres que leur expérience n'avait pas permis de montrer que l'électricité passait dans l'eau,
- certains étaient tous fiers de dire que leur expérience avait montré que l'électricité pouvait passer dans l'eau
.
La synthèse fut très animée et efficace : les élèves mourraient d'envie de savoir pourquoi, du coup ils ont bien retenu la notion d'ions
.
https://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article287 a écrit:On observe alors que les apprenants parviennent à résoudre des problèmes… en n’apprenant pratiquement rien.
Par provoc je dirais qu'ils apprennent effectivement beaucoup plus en n'y parvenant pas
.