Célestine a écrit:Je suis d'accord avec toi, xavier29. Mais je reste intimement persuadée que notre capacité à résoudre des tâches complexes vient de notre entraînement à manipuler individuellement chacune des étapes de leur résolution. Cet entraînement nous a donné le recul pour envisager n'importe quel enchaînement de briques élémentaires de raisonnement nécessaires à la résolution de n'importe quelle tâche complexe.
Encore une fois, à mettre des concepts les plus difficiles avant les bases, on arrive à des catastrophes en lycée et à l'effondrement des filières de physique dans le supérieur.
snoopss a écrit:Tout à fait d'accord avec Célestine. Comment espérer des élèves qu'ils enchainent différentes étapes d'un raisonnement si chaque étape prise individuellement leur pose souci!
Ce qui est surprenant c'est que le saucissonage des compétences du socle commun va à l'encontre du travail demandé lors d'une tâche complexe.
Célestine il me semble que tu confonds tache complexe et tache compliquée. Ce qu'on entend par tache complexe c'est une tache qui met en oeuvre plusieurs compétences, chaque étape de réalisation de la tache n'est pas nécessairement compliquée.
snoopss :
comparé aux autres pays européens, nos élèves s'en sortent pas trop mal pour réaliser des taches simples, faisant appel à un nombre limité de compétences. Mais quand on leur demande d'en mettre plusieurs assez différentes en oeuvre, c'est difficile pour eux parce qu'ils n'y ont pas été habitués.
J'ai fait le test suivant : à des élèves qui savent calculer le volume d'un parallélépipède (je le leur ai rappelé avant), qui savent mesurer une longueur, convertir des cm en m et qui savent compter, j'ai demandé d'estimer le volume de la salle de classe. En autonomie.
Ca a été trèèès laborieux pour eux. Et
c'est normal, c'était à priori la première fois qu'on leur demandait de travailler de cette façon.
snoopss tu dis que le "saucissonnage" des compétences du socle va à l'encontre du travail demandé dans une tache complexe. Je ne suis pas d'accord du tout et je pense que ton point du vue vient du fait que chez trop de professeurs l'évaluation des compétences est abordée comme on le fait actuellement avec les notes : concentrer le travail sur un point/item du programme/socle jusqu'à ce qu'il soit maitrisé par les élèves.
De mon point de vue il ne s'agit pas de se focaliser sur chaque item, mais de partir des compétences lorsqu'on contruit une tache complexe : quelles compétences sont mises en oeuvre et dans ces compétences quels items sont sollicités.
Ce document m'a beaucoup aidé à comprendre ce que les taches complexes pouvaient apporter à mes élèves et comment les mettre en oeuvre :
http://cache.media.eduscol.education.fr ... 117736.pdfJ'avais l'habitude de présenter la pile classiquement en 3e, cette année j'ai mis le matériel sur les tables élèves (lames zinc cuivre, bécher, solution de sulfate de cuivre, multimètre, cables et pinces croco, DEL, manuel de 3e), objectif "Faire briller la DEL avec ce matériel". Indication : "Pour que la DEL brille bien il faut environ 2V à ses bornes".
Sur 24 groupes de 3-4 élèves, seuls 10 ont réussi à allumer la DEL, mais la correction a été suivie avec beaucoup d'attention : je me suis placé comme un élève à qui ont confiait la tache et je l'ai résolue en exprimant à l'oral chacune de mes interrogations et problèmes (ils se sont parfaitement reconnus dedans
) et la façon dont je les résolvais.
J'ai ensuite posé la question aux groupes qui n'avaient pas réussi : "Qu'est-ce qui vous a manqué ?", leurs réponses furent dans l'ensemble très pertinentes.
Bref ce fut extrêmement instructif pour moi et les élèves, entre autres parce que je n'ai pas cherché à ce que les élèves réussissent absolument tous. On peut apprendre beaucoup par ses erreurs.