Bonjour,
En présentant le cours sur l'atome aux élèves de 2nde, je ne m'étais même pas posé la question de savoir comment les Grecs, avec Démocrite et Leucippe, en étaient arrivés à cette "hypothèse géniale" de la discontinuité de la matière.
Parallèlement, je lisais "Physique quantique et représentation du monde" de Schrödinger ; et je suis tombé par hasard sur un passage très intéressant sur la "naissance de l'atomisme". Le passage est intitulé "Atomes ou quanta - le vieil antidote pour échapper aux difficultés du continu".
Ce que je trouve particulièrement intéressant pour les élèves, c'est qu'ils aient conscience que cette hypothèse avait été émise il y a 2000 ans, et que "en réalité, elle n'est pas une conjecture heureuse émise par des penseurs qui en réalité ne savaient absolument rien à ce sujet" mais qu'elle résulte au contraire de réflexions profondes sur l'observation d'expériences (changements d'état, l'auteur parle de raréfaction et de condensation, et nécessité de rompre avec la vision continue).
Tout ça pour dire qu'ils avaient réussi à aboutir à de belles conclusions simplement par l'observation et la réflexion, malgré la pauvreté de leurs moyens, c'est donc une belle "construction" de l'esprit.
Dans le même ouvrage, il y a aussi un "pamphlet" très ardent sur la "barbarie de la spécialisation" et une défense vigoureuse de la science comme faisant partie d'un tout, intégrée au développement du savoir humain (pour savoir "Qui nous sommes" en fin de compte).
Et à ce moment-là, il critique aussi violemment la conception utilitariste de la science.
Bref, en tombant sur cet ouvrage, j'ai pu m'interroger un peu plus profondément sur le sens de ce que j'enseignais, et aussi sur le rapport des élèves à la science: car j'ai l'impression que son image en 2013 ne soit plus aussi flatteuse qu'à mon époque!
Renaud