Non pas ici, car c'est toute la difficulté de cette histoire : la notion de temps et tout ce qui se passe simultanément et de progressivité des notions à donner aux élèves. :/
Si mon verbe est "s'écrase" c'est l'énergie chimique que j'attends ici. Déformation de la matière. On n'est pas vraiment dans un exercice de réflexion (à part pour les cas avec le congélateur par exemple), c'est globalement surtout de la traduction mots -> énergie.
Pareil pour le chocolat, si je dis "fond" c'est énergie chimique que j'attends, et on esquive ici que le chocolat en tant que mélange n'a pas de température de fusion unique mais que son plateau de changement d'état est incliné, et que donc quand il fond sa température augmente aussi. Mais là j'essaye de simplifier pour travailler uniquement sur le vocabulaire global et non pas sur les détails du monde réel et l’évolution temporelle.
Et on voit très vite avec les élèves qu'il y a énormément de choses qui se passent en même temps, avec des ordres de grandeurs et des intérêts extrêmement différents. Ici la déformation de la boule de pâte à modeler est visible mais ne récupère qu'une toute partie de l'énergie cinétique initiale, alors que l'échauffement en récupère la majorité mais est quasiment indécelable.
Ici on s'exerce juste à traduire les phrases en situation énergétique pour se familiariser avec les formes d'énergie et les transferts (avec le temps quasiment arrêté, d'où mon choix de verbe au présent et la locution "en train de"). On n'est ni dans l'analyse complète d'une situation avec tous les changements à lister, ni dans l'analyse complète temporelle "avant - après" du devenir de la quantité d'énergie initiale.
Je me suis rendu compte que c'est vraiment ce rapport au temps qui pose problème, et ce n'est jamais vraiment explicité. Quand on fait une flèche, il y a parfois une idée d'avant/après et parfois l'idée du transfert instantané en cours et à mon avis une bonne partie des problèmes de compréhension viennent de là.
C'est à dire sur la question implicite des élèves qui serait : où s'arrêter dans l'analyse de l'évolution temporelle ?
Dans l'exemple de la pâte à modeler, l'analyse temporelle peut partir de la fusion de l'hydrogène dans le soleil, passer par le plant de haricot, la digestion, le glycogène des muscles, avant de compter l'énergie cinétique de la boule, l'accélération et l'échauffement de l'air, la déformation de la boule, l'échauffement de la boule, le refroidissement de la boule par conduction avec le mur... ce n'est pas envisageable au début par un élève sans guides stricts.
D'où mon idée de progressivité très marquée avec d'abord un gros travail systématique sur le vocabulaire lui même, puis de tous les cas possibles pour être sûr que les différents transferts et transformations sont intégrées avant d'attaquer les raisonnements temporels puis l'étude de situations réelles.
Et je n'ai pas encore repris la suite de mon cours (et je suis en arrêt jusqu'en février) mais j'avais trouvé intéressant de faire ensuite du raisonnement "à rebours".
"Un arbalétrier tire un carreau sur un planche en bois qui se fend en deux à l'impact."
- énergie chimique de la planche a augmenté, mais cette énergie provient de :
- énergie cinétique du carreau d'arbalète, mais cette énergie provient de :
- énergie potentielle élastique de l'arc de l'arbalète, mais cette énergie provient de :
- énergie chimique du muscle de la cuisse de l'arbalétrier, mais cette énergie provient de :
- énergie chimique de la nourriture ingérée auparavant... etc. jusqu'à la fusion de l'hydrogène

. (ce qui permet de dire que l'arbalète est une arme nucléaire !

)
Et ici on peut introduire la notion de "pertes" thermiques successives et arriver au fait que l'énergie chimique de modification de la planche (ce qu'on voulait) est très faible vis à vis de l'énergie cinétique du carreau, qui est très faible vis à vis de l'énergie chimique de la nourriture (qu'on a dû payer)... il y a de jolis schémas à faire mais je me suis rendu compte que les ordres de grandeur sont peu connus de nous si on eut faire un truc un peu réaliste. (l'énergie stockée dans la nourriture est gigantesque !)
J'avais été presque étonné il y a quelques années de "découvrir" que le rebond d'une balle transformait environ entre 1/3 et 1/4 de son énergie potentielle de pesanteur en énergie thermique à chaque fois... ce qui est très visuel à faire remarquer aux élèves.
Et un autre point que je n'ai pas encore repris mais qui est primordial à mon avis, ce sont les "chaines énergétiques entremêlées", en gros arriver à repérer de quelle forme et de quel réservoir provient l'énergie qu'on veut, et qu'est ce qui a juste servi à déclencher la modification des choses.
- la chaleur de l'allumette pour s'éclairer à la flamme de bougie ?
- le geste du bras pour la flamme de l'allumette ?
- la pichenette pour la chute du dernier domino ?
- le mouvement du doigt sur la détente du fusil ? de l’arbalète
- enlever une cale et faire tomber un gros objet...
De voir que ce n'est pas en poussant plus fort sur la détente que le carreau part plus vite. Donc que la forme d'énergie stockée est libérée grâce au doigt mais que l'énergie du doigt ne s'y ajoute pas : ce n'est pas la même chaine énergétique.
(j'avais trouvé la scène du barrage dans Raiponce, ou le cheval Maximus tape sur un madrier et ça libère l'eau du barrage. Est-ce que la force de la ruade du cheval change quelque chose à l'énergie totale transformée au final ? )
https://www.youtube.com/watch?v=au9vdymQV4g(à partir de 1min02 jusqu'à 2min)
Bref, il reste du boulot ! et je vais tenter de profiter de mon arrêt pour reprendre un peu tout ça et cette histoire d'article.