Je pinaille, mais le mot d'
anomalie est une polysémie qui prête à confusion dans ce domaine de l'astronomie, (astrométrie pour être plus précis). Inégalité est le bon mot utilisé par exemple par J. D Cassini . « [...] l'on n'est pas certain, écrivit-il, que cette inégalité de temps ne soit pas produite ou
par l'excentricité du Satellite, ou par l'irrégularité de son mouvement, ou par quelqu'autre cause jusques ici inconnuë, dont on pourra s'éclaircir avec le temps . »
Cité dans I. B. Cohen, op. cit.,p. 347. ( Voir par exemple pour le sens d'anomalie
http://www.cosmovisions.com/anomalie.htm).
"Cela dépendait de la
période de l'observation. (Même remarque; date serait plus judicieux). Il émit donc l'hypothèse que cette anomalie
provenait de la variation, en fonction des
saisons, (attention, il n'y a aucun rapport avec les saisons; pour preuve, l'été de l'hémisphère nord est l'hiver de l'hémisphère sud. Il vaut alors mieux parler de solstice de juin que de solstice d'été; qui n'a aucun sens pour la Terre. Ici, c'est le phénomène d'opposition ou de conjonction qui importe), de la distance Jupiter-Terre, la lumière mettant alors plus ou moins de temps pour nous parvenir de Jupiter.
Les calculs de Römer ont donné́ pour la vitesse de la lumière la valeur de 200 000 km/s.
Mais à aucun moment, pourtant, il ne livre une valeur numérique de cette vitesse. Pourquoi ? En parcourant la littérature, on constate que
plusieurs raisons sont invoquées : parce que l'importance de la démonstration résidait uniquement dans le fait que la vitesse était finie, ou que le diamètre de l'orbite terrestre n'étant connu qu'avec une grande imprécision il s'avérait inutile
d'en tirer une valeur de la vitesse de la lumière, ou encore parce que la vitesse lui semblait inconcevablement grande. Peu importe la vraie raison, le fait est que Rœmer n'a jamais proposé une valeur de la vitesse de la lumière, dans le sens où nous l'entendons maintenant ! (Page 7 Francis Beaubois, docteur en physique et agrégé
https://www.bibnum.education.fr/sites/d ... yse-47.pdf)
Pour conclure sur le but de mon propos, qui est de l'utilisation des mots justes, je cite à nouveau F. Beaubois:
Dans le volume 8 des Œuvres Complètes de Christiaan Huygens, publié en 1899, on peut lire en note à la correspondance entre Rœmer et Huygens :
« [...] Römer [...] célèbre par la première détermination de la vitesse de la lumière». Les lettres échangées entre ces deux savants étant en latin, on peut considérer que certains lecteurs n'ont retenu que cette phrase sans avoir pu lire le contenu des lettres.
Les glissements de sens se logent dans ce type de phrase qui sont de signification claire dans l'esprit de leur auteur, mais ne le sont plus pour un lecteur non initié.
Alors, c'est bien certain - et cela me soulage - si Huygens n'a pas attribué le sens exact aux propos de Romer, alors, moi professeur aujourd'hui, j'ai bien l'excuse de me tromper aussi.